L’évolution des médias ces dernières décennies s’est caractérisée par une forte concentration des médias privés et une dépendance accrue des médias publics à l’égard des ressources publicitaires, en même temps que par l’essor d’empires médiatiques aux mains de propriétaires déterminés à peser dans la vie publique, au risque de manipuler l’opinion. Des pistes existent cependant pour garantir l’intégrité de l’information produite par les médias.
« Les médias occidentaux sont assez facilement manipulables », écrivait le grand-maître espion stalinien Pavel Sudoplatov, car ils rédigent souvent leurs articles à partir de communiqués de presse et ont tendance, dans l’ensemble, à ne pas faire de distinction quant à la nature et à la fiabilité de leurs sources ». Cette séance décrira à partir d’exemples concrets comment les propagandistes étrangers manipulent les médias et comment éviter qu’ils puissent le faire à l’avenir.
Depuis l’apparition d’internet, les outils numériques ont été conçus pour capter notre attention, susciter notre engagement, capturer et exploiter nos données à des fins publicitaires. La description des principales techniques manipulatoires appliquées à nos environnements numériques permet d’imaginer ce que pourraient être des outils numériques intègres et vertueux.
Depuis que les médias socio-numériques ont adopté un modèle publicitaire, le « capitalisme de surveillance » a fait de nos émotions une matière première inépuisable, qu’exploitent à la fois les plateformes et les propagandistes qui les instrumentalisent à leurs propres fins. La connaissance des techniques des « ingénieurs du chaos » peut nous permettre de nous en prémunir, tant à l’échelle individuelle que systémique.
La taille du marché du marketing d’influence a été multipliée par dix entre 2018 et 2024, en raison du recours croissant par les marques et les gouvernements à des influenceurs en ligne. Désormais, ces « gourous 2.0 » dictent les modes, les tendances, et faussent parfois les résultats des élections. Comprendre les ressorts de l’influence et les moyens d’y faire face est plus que jamais nécessaire.
Depuis que nos esprits sont devenus accessibles en un clic sur les médias sociaux, les opérations d’influence ont changé d’échelle et se concentrent désormais sur la Guerre cognitive, qui consiste à agir sur le cerveau des cibles dans le but d’altérer les mécanismes de compréhension du monde réel et de prise de décision. Plus que jamais, il est nécessaire de connaître les mécanismes et les biais de notre cerveau qui peuvent être exploités à notre encontre, tout en dessinant les contours d’une réponse globale efficace.
Depuis la première élection de Donald Trump, le référendum du Brexit et les « Macron Leaks », la question des ingérences étrangères est une priorité pour les États démocratiques confrontés aux assauts informationnels émanant de régimes autoritaires, comme la Russie, la Chine et l’Iran. Cette séance abordera les réponses apportées à toutes les échelles de gouvernement pour y faire face, et esquissera des pistes pour renforcer la résilience des sociétés démocratiques.
L’avènement de l’IA générative n’a pas seulement démultiplié les possibilités de créer des « hypertrucages » (Deepfakes) convaincants, mais également permis de faire passer à une échelle inédite les opérations de manipulation de l’information. Il s’agira de comprendre comment la production massive de faux sites, de faux profils et de faux contenus, contribue à polluer notre environnement informationnel, et comment préserver l’intégrité de l’information à l’ère de l’IA.
Il y a une dizaine d’années, les psychologues de l’université de Cambridge avaient involontairement contribué à la propagation d’un « virus » informationnel en créant des techniques de ciblage psychologique utilisées par la société Cambridge Analytica. Désormais, les psychologues de Cambridge sont en pointe dans la création de « vaccins » informationnels, sous la forme de vidéos, de jeux sérieux et de jeux vidéo qui permettent de réduire à grande échelle la susceptibilité à l’égard de la désinformation. Il s’agit aujourd’hui de l’une des pistes les plus prometteuses pour lutter contre les manipulations de l’information.